CONTENU SPIRITUEL

Mon chlog

Après le blog et le vlog : le chlog !

Définition

chlog : nom masculin, d'origine anglophone, désigne un contenu de communication à vocation de carnet, de journal ou d'agenda, réalisé sur réception d’une chimiothérapie.

Succession de mini-reportages spontanés, généralement diffusés sur les réseaux sociaux.

Maintenant en ligne : chlog.alleluia.org

S’inscrire à la chloglettre : https://forms.gle/gtrBCToQSu54mudF6


Écrit, relu et éprouvé par David Rousseau      —      Made in CHU Rangueil Toulouse



Intention

Vous,

qui me soutenez, m’encouragez et priez pour moi,

soyez bénis !

Ce petit suivi pour partager avec vous mes péripéties,

“soutenu”, “encouragé” et “en-sanctification” que je suis.

… et pour la suite ?

Ce chlog est prévu pour s’enrichir au fur et à mesure de mon traitement, en particulier lors des séances de chimiothérapies, mais quelquefois aussi de façon spontanée, car je l’avoue, je prie et pense souvent à vous. J’aimerais beaucoup vous donner en retour, ne serait-ce qu'un peu…

N’hésitez pas : chlog@alleluia.org


Au menu

6 chimiothérapies,

avec leur espacement de 15 jours

Un entremet de repos pendant 3 semaines

Une radiothérapie quotidienne (sauf le weekend),
accompagnée de sa chimiothérapie

Un plateau de soulagement de quelques semaines

L’opération du chef, garantie sans tumeur.

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1ère séance        - Le 10 février 2022

Je suis rempli de force et rempli de courage !

Pas étonnant ! Depuis hier soir, je n’arrête pas d’en recevoir par de très nombreux messages. Tantôt des pensées, tantôt des énergies positives, tantôt des prières pour les plus cathos !

J’ai reçu tellement de petits mots touchants que j’ai passé au moins 2 heures à répondre à tout le monde ! Je suis comblé ! Comblé de tout cet amour que l’on me porte ! Et je ne pense même pas le mériter !

On me voit atteint d’un mal stigmatisé, qui fait peur et qui semble me condamner, du moins dans les esprits et l’expérience de nos proches que l’on ne connaît que trop bien : le cancer.

Mais je suis heureux ! Pourquoi, me diriez-vous?

Parce que la vie n’est pas faite pour rester dans la peur ! Peur du lendemain, peur du mal, peur du pire, mais aussi peur des difficultés et de la souffrance.

Si on se libère de la peur, que reste-t-il ? Le concret, la vie !

Vivre l’instant présent, voilà le vrai programme, avec ses joies et ses peines, ses difficultés et ses réconforts. Mobiliser son énergie et ses ressources à ce temps présent, voilà le vrai enjeu ! Celui qui mérite toute notre attention, notre force et notre ingéniosité. Celui auquel nous nous identifions, grandissons et nous épanouissons.

De plus, j’ai la conviction que de nombreux cadeaux se cachent, tapies derrière les difficultés, au creux des souffrances et dans le secret du don de soi. Faire face avec courage au moment présent sans refuser son lot de dédication, c’est ouvrir sa porte à des trésors qui ne seraient pas accessibles autrement. Et de même que personne n’est à l’abri des difficultés, les bonnes surprises nous guettent au coin d’une rue, au hasard d’une rencontre, dans la plénitude d’un paysage, dans la chaleur d’un échange ou d’une justesse paisible et intérieure.

Ce peut être aussi l’occasion d’une rencontre plus spirituelle…

Pour moi, c’est un moment propice pour renouer plus intimement avec le Seigneur qui m’a racheté et a porté mes fardeaux et mes souffrances avec Lui jusque sur la croix. Un tel Amour, souvent ignoré ou normalisé, ne nous laisse jamais indifférent.

Par un cœur à cœur, ce Dieu qui a soif de mon amour, dans la prière ou dans l’action, m’apporte plus de chaleur, de vigueur, de paix et de joie que n’importe quoi d’autre, pourtant plus saisissables. Pourvu que je lui ouvre mon coeur !

 

Aujourd’hui, là, mon moment présent est beau. Embelli de toutes ces amitiés. Illuminé de me sentir porté par toutes les prières à mon égard. Extraordinaire de la présence du Seigneur à mes côtés !

Et c’est un peu à cause de vous ! N’est-ce pas ce que vous Lui demandez ? D’être là pour moi ? de m’accompagner, de me soutenir ? Je sais qu’Il est là. Je sens qu’Il est là. Comment ne pas être paisible, confiant et même joyeux dans ces conditions !!

De plus, par ma foi, je me sens poussé à m’abandonner dans les mains du Seigneur. A Lui faire totalement confiance et qu’Il s’occupe de tout. Et fort de mon histoire avec Lui jusqu'à aujourd'hui, j’ai l’assurance qu’Il me guide et qu’Il est fidèle.

“Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur! Je le répète: réjouissez-vous!

Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu

par des prières et des supplications, dans une attitude de reconnaissance.

Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre,

gardera votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ.”
(Ph. 4, 4-7)


Mes super-pouvoirs        - Le 13 février 2022

En écoutant les multiples personnes pouvant m’informer sur les difficultés et les effets secondaires de la chimiothérapie, je m’étais fait à l’idée que d’une part, il allait falloir s'armer de beaucoup de courage, de patience et de résignation, et d’une autre part que le liste des effets secondaires n’en finissait pas, tous plus dérangeant les uns que les autres.

Cela ne changeait en rien ma détermination de vivre cette épreuve avec autant d’humilité que j’en suis capable, et de persévérance, mais cependant, les avis n’étant pas toujours concordants, j’ai conclu que cela dépendait de différents facteurs et que l’on était tous bien différents.

Ainsi à l’apparition de chaque effet secondaire, c’est à la fois de la surprise, de la curiosité et du suspens pour voir comment mon corps allait gérer cela.

Voici un petit aperçu de mes nouveaux super-pouvoirs

  1. Épuise-man, ou la capacité de décupler les effets des coups de barre
  2. Frigélec, ou la capacité de fabriquer des réactions électriques au contact du froid
  3. Crunch-starter, ou la capacité de stimuler la mâchoire en début de mastication
  4. Quick-sleep, ou la capacité de m’endormir avant d’avoir le temps de poser mon téléphone

Début du voyage        - Le 13 février 2022

Si certains se demandent comment j’ai vécu les effets initiaux des produits que l’on m’a injectés, je leur propose de s’imaginer d’être aux dernières places d’un bus, en voyage dans des cols montagneux. Au début, belle lumière, vue dégagée et magnifique surplomb sur Toulouse (vue de ma chambre au CHU), puis, tout doucement le voyage se fait long, fatiguant au fil du temps qui passe, et après avoir profité de l’ambiance et des conversations avec les passagers, la fatigue s’installe et le bus ne semble toujours pas arriver à destination, ni vouloir prendre une pose…

(On imagine que je suis maintenant rentré à la maison)

Et ça continue! Un autre col, encore deux ou trois virages en épingles, ce voyage semble interminable et le cumul des balancements des virages et des freinages suivis des accélérations amplifient peu à peu cet inconfort qui quelquefois se transformerait presque en nausées et vomissements. Mais comme vous avez le cœur solidement accroché, l’effet n’est que passager et quelques respirations profondes et un peu d’eau fraîche font l’affaire. Puis vient la fatigue générale du voyageur qui n’a pas pris de pause depuis bien trop longtemps et un mal de tête prend le dessus. Seule l’idée de se blottir dans la couette nous permet de garder le cap ! Quand enfin l’objectif est atteint, le sommeil qui suit, bien qu’un peu agité, est tellement salutaire que plus rien ne compte à ce moment-là.

Puis vient le matin : Tout est oublié. Nouveau jour, nouveau début, mais avec la surprise de chaque nouveau super pouvoir…

Note: Cette description correspond à mon premier jour de chimio.

Une séance de chimiothérapie bronzage ?        - Le 16 février 2022

Pour agrémenter la lecture, je vous propose un récit dont les termes techniques sont remplacés par d'autres plus joyeux et amusants. La transposition se trouve en dessous.

« En arrivant à l'hôtel "Beau séjour'', après avoir montré patte blanche, je me dirige vers l'aile des mimosas. Je suis accueilli par une petite fée qui me pose quelques questions et mesure ma félicité. Je me rends ensuite vers mon petit nids attribué, et installe mes quelques affaires.

La petite fée vient effectuer quelques pirouettes et me présente les petits amis qui me seront très attachés. Je prends le temps avec chacun d'entre eux et m'imprègne de ce qu'ils ont à m'apporter.

Et enfin, un dernier petit, que je dois garder près de moi dans sa petite sacoche pendant 2 jours. Une autre petite fée viendra la récupérer dans mes pénates, au temps voulu.

Cette petite visite est très agréable. Les petites fées sont très attentionnées et veillent à notre confort, notamment par des petites collations et le déjeuner. De plus, le transport est assuré par des petits nains, très gentils, à l'aide de leurs beaux carrosses. »

Hôtel "Beau séjour"

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Hôpital CHU Rangueil

Patte blanche

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Pass sanitaire

L'aile des mimosas

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Service oncologie

Petite fée

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Infirmière

Ma félicité

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Mon poids

Petit nid

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Ma chambre (seule)

Pirouettes

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Vérifications médicales

Petits amis

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Produits de chimiothérapie

Très attachés

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Injectés via ma chambre implantable (Cathéter)

Agréable

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Si si ! C'est vrai !

Nains

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Conducteurs taxi VSL

Beaux carrosses

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Taxis souvent grand luxe


Des armes… spirituelles !        - Le 16 février 2022

Dimanche 13 février, qui se trouve être le dimanche de prière pour les malades (pas fait exprès !), j'ai reçu le sacrement des malades. Cela s'est passé chez moi, entouré de mon groupe de prière des pères, célébré par notre curé Jean-Claude Vasseur. Un moment intimiste, en petit comité, à l'image de l'évangile de la guérison de la belle-mère de Pierre.

C'est un rituel très simple où j'ai été marqué de l'huile sainte pour les malades. (C'est une huile bénie exprès pour ces occasions, lors de la messe chrismale qui est célébrée juste avant Pâques de chaque année.)

Que dire de ce sacrement, sinon que la grâce de Dieu, par ce geste, s'est posée sur moi. Exprès pour moi, avec la douceur aimante d'un Dieu qui n'aime pas que nous souffrions. Il nous fait le don de sa force et quelquefois la guérison.

Ma fille aînée, Mathilde, était là et l'entendre demander ma guérison, du haut de ses 6 ans était vraiment craquant. Je suis sûr que le Seigneur s'est laissé toucher par cette prière !

Le lendemain, fête des amoureux (encore une coïncidence qui tombe à pic !), j’ai désiré me confesser. Allez, je vais être honnête : j’ai enfin réussi à prendre rendez-vous pour me confesser parce que le père était chez moi !! Feignant que je suis…

Celà dit, j’étais heureux de déposer tous ces petits paquets gênants au pied de la croix, et me laisse habiter par la miséricorde du Seigneur. Quelle joie ! Quelle légèreté !

Conclusion : Fort et libre, what else ?


« Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père !

C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu.

Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire. »

(Rm 8, 15-17)



Mon quotidien : Mes réajustements alimentaires        - Le 19 février 2022

Je me propose de glisser quelques posts pour vous offrir un entre-aperçu de mon quotidien. Peut-être aimeriez-vous me connaître un peu plus ?

Depuis que l’on a identifié le cancer en décembre dernier, je me suis fait un peu violence.

Merci à quelques-uns, qui ont sû me pousser jusqu'au bout de la démarche. Je ne les nommerai pas pour ne pas contrarier mon égo qui pense que tout cela est uniquement grâce à ma volonté de fer et ma force mentale ! Laissons-le dans l’illusion, l’important, c’est le résultat ! De toute façon, ceux-là savent se reconnaître.

Alors de quoi s’agit-il ?

J’ai arrêté les sucres, le gluten, le lactose, les produits transformés, industriels ou raffinés. J’essaie de limiter le grignotage(*), pour respecter les temps de digestion, et de boire plus. J’ai la chance d’être accompagné par une super naturopathe, avec qui je suis encore d’autres petites choses.

Le sucre, c’était dur, surtout au début. Plus de dessert pour avoir un goût sucré, plus de confiture ou miel sur le pain (sans gluten !), plus de petits trucs sucrés à grignoter pour se motiver à travailler, plus de gâteaux ou de glaces du dimanche… Heureusement, ça devient un petit peu plus facile avec le temps. Même si ça aussi, ça prend son temps !

(*) Que puis-je bien grignoter avec un tel régime ?! Eh bien des noix en tout genre : noix de pécan, noix du Brésil, macadamia, noix de cajou, noix françaises et amandes. Ça croque sous la dent, et ce sont de bons apports.

Le matin, j’ai mis en place un petit rituel : 50cl de jus de légumes à l’extracteur, pour mon petit déjeuner, et un thermos de thé, le plus souvent vert, pour la journée.

Les jus prennent un peu de temps, mais composer avec une variété de légumes, en changeant les proportions, les associations de légumes, c’est finalement plutôt fun. Surtout qu’avec les légumes bio locaux que nous achetons majoritairement, les goûts sont au rendez-vous !! Et les cocktails réalisés sont souvent bien différents et souvent très bons ! Parmi les légumes les plus surprenants, je nomme les épinards, les patates douces, les gros radis, les choux et le fenouil. Et ma petite touche personnelle, c’est 1 ou 2 cm de gimgembre, ou alors, une grosse tranche de radis noir, ça relève, juste ce qu’il faut !

Je m’autorise quelques petites choses, cependant : une pomme au goûter quelque fois, et une pointe de chocolat à 70% quand je mange du chocolat à 100%, car le magnésium, c’est super mais apprécier le pâte de cacao pure, ça s’apprend et je n’y suis pas encore ! Et puis, je me suis mis d’accord avec ma conscience pour m'autoriser des chips, un de mes pêchés mignons, au moment des injections de chimio ; comme je ne peux pas profiter des collations proposées.

Je suis globalement content, car je commence à prendre mes repères dans ce qui est bon pour moi. Le chemin est aride, mais j’avance et me porte bien.


Le petit jeu de mémoire.. de l'eau        - Le 21 février 2022

Jouons à un jeu d'influence de l'eau et de force de l'intention, inspiré de la "Mémoire de l'eau" (Jacques Benveniste) et du "Message de l'eau" (Masaru Emoto):

Suggéré par une amie (merci Cathy !), ce sont mes enfants qui me l'ont fabriqué.

Il s'agit de remplir une bouteille d'eau et de lui coller un mot, un sens, et chaque foi qu'on regarde cette bouteille, on dit le mot. Quand on se sert à boire, on répète ce mot et on boit en conscience de cette idée.

Le concept est simple et, venant de mes enfants, je me suis prêté au jeu, même si la portée de cet exercice ne peut, selon moi, se comparer à une prière. A la réflexion, étant sensible aux tensions et atteint par les expressions de mauvaises ondes (jurons, coups d'éclat, insultes), je me dis que l'expérience ne peut qu'être positive, sinon amusante. Et avec un peu d'ouverture, que diriez-vous si je vous disais quil me semble trouver ces eaux meilleures que de là où elles viennent ?

"Guérison" et "Vive la vie"


Et d'un sur six        - Le 22 février 2022

Ça y est ! Me voici au terme de ma première quinzaine de chimiothérapie.

Conclu par une prise de sang qui me montre apte à la deuxième séance, le chemin parcouru peut enfin être évalué. c’est ce que je vais vous partager, ce soir.

La partie absorption des produits s’est présentée comme une montée en pression, lente mais constante jusqu'à ce qu’on me retire le troisième produit 48h après. La première journée a été plus éprouvante que les deux autres. Le “voyage” a été plus facile à supporter après la première nuit.

A partir de là, mes ordonnances m’ont prescrit une piqûre qui booste le corps à fabriquer des globules blancs, tous les 5 jours suivants. Ces injections ne sont pas prescrites à tous les patients (je n’en ai rencontré aucun autre qui en avait eu) et ont même surpris les infirmières. Obéissant, j’ai procédé à la première piqûre, puis la deuxième. J’ai eu plus de mal à supporter ce produit que les produits de la chimio eux-mêmes. Migraineux, épuisé, peut-être un peu fiévreux, peut-être une tension élevée, j’ai appelé les infirmières pour faire le point. La réponse a été qu’il valait mieux les faire, car prescrites, mais que si je n’arrivaient pas à les supporter tant pis.

Pris d’inquiétude, je me suis questionné sur l’importance de ces piqûres, sachant que je suis jeune, en pleine forme, que nous n’avons aucune donnée sur ma capacité à produire des globules blancs. Peu à peu mon inquiétude s’est transformée en colère envers une prescription massive, non éclairée par les conditions spécifiques de ma personne. Puis, j’ai dissipé la colère pour me rendre plus disponible à vivre ce que j’avais à vivre. A ce stade, la tumeur semblait réagir (aïe) et en lien (ou pas) avec ces piqûres, mon rectum était devenu inflammatoire. Tout cela, en plus de mon état migraineux et épuisé.

La providence à fait que mardi, au pic des effets indésirables, j’avais rendez-vous avec un acupuncteur phytothérapeuthe (médecine chinoise). Une place libre insolite dans un planning très chargé, que mon épouse attentionnée m'avait pris, quelque temps auparavant.

Non seulement a-t-il calmé les dérèglements symptomatiques et redynamisé les organes affaiblis, mais j’ai découvert qu’il avait l’habitude de traiter des patients sous chimiothérapie et qu'il savait aider à réduire les effets secondaires. Alleluia ! Je m’y suis pointé, presque en traînant les pieds et en suis ressorti presque en bondissant !

La confiance dans le Seigneur fait des merveilles !

Depuis, mon corps à travaillé pour revenir à un équilibre chaque jour meilleur. Et il a réussi à l’être suffisamment pour la chimiothérapie suivante ! Tous les témoins sont au vert ! Merci Seigneur !

J’avoue que je me suis souvent inquiété et me suis régulièrement remis en Ses mains, avec confiance.

Ce n’est pas tout ! Il me restait une dernière “blague” à vivre!

Quand le rendez-vous avec les infirmières a été convenu, le taxi réservé, les médicaments achetés, le dossier tout bien rangé, je vais me faire tester à une pharmacie du coin pour mon entrée à l’hôpital. Tout se passe dans les meilleures conditions, et au moment de partir, la pharmacienne me dit : “Heu par contre, votre test, il est positif !”

Me voilà donc, testé positif, mais en pleine forme.

Un coup de téléphone me le confirme, on décale tout d’une semaine !

Résultat : Une semaine de répit, pour aller encore mieux ! Peut-être aussi le temps d’expérimenter quelques symptômes du COVID, qui sait ! Mais, en tout cas, je souhaite bonne chance au virus, car je n’ai jamais été aussi bien préparé ! Entre mon hygiène de vie, mes compléments alimentaires, la médecine douce et la prière de vous tous, qui ne cesse de me soutenir, je ne crains rien.

Note sur la confiance : Une seule fois ne suffit pas ! C’est constamment qu’il faut répondre à la peur, aux angoisses et aux inquiétudes par la confiance ! Dieu prend tout en charge, pour peu qu’on le Lui demande et Le laisse faire !

Curieusement, la confiance, pour moi, c’est un peu comme aller dormir avec Jésus au fond de la barque pendant la tempête (cf. Matthieu 8,23-26, voir en dessous).


« Comme Jésus montait dans la barque, ses disciples le suivirent. Et voici que la mer devint tellement agitée que la barque était recouverte par les vagues. Mais lui dormait. Les disciples s’approchèrent et le réveillèrent en disant : “Seigneur, sauve-nous ! Nous sommes perdus.” Mais il leur dit : “Pourquoi êtes-vous si craintifs, hommes de peu de foi ?” Alors, Jésus, debout, menaça les vents et la mer, et il se fit un grand calme. »

(Mt 8, 23-26)



A la recherche des symptômes        - Le 25 février 2022

Comme vous le savez, j’ai été testé positif. Je suis donc contaminé par la COVID.

En tant que toute nouvelle maladie, je suis curieux de savoir comment cette dernière se comportera chez moi : Quels en seront les effets et quand ? Surtout qu’aujourd’hui, on lui attribue un peu tous les symptômes connus !

Bref, j’ai commencé à mener mon enquête.

Voilà une liste non exhaustive de mes découvertes:

Bon, à part tout ça, je n’ai rien noté de différent que d’habitude. Je suis en pleine forme, je travaille toujours et j'attends toujours ce moment où les choses vont se gâter. Mais après 5 jours asymptomatiques, j’ai peur que l’asymptote ne nous apporte rien de plus.


Une montagne de gravie        - Le 28 février 2022

Ça y est ! Je l’ai fait ! J’y pensais. Je voulais. Mais je ne trouvais pas le courage. Ou pour être plus exact, je n’arrivais pas à trouver la forme qui me convenait le plus et du coup, je n’arrivais pas à me motiver ! C’était ma petite montagne. Des fois on ne sait pas bien pourquoi on n’arrive pas à s’y mettre, mais ça peut durer longtemps !

Mais de quoi s’agit-il ?

Je suis sorti faire un peu d’exercice ! J'ai mis mon vélo dans la voiture et je suis allé à l’entrée de la forêt de Bouconne la plus proche. Et là, j’ai pédalé.

  • Bon d’accord, je suis parti un peu tard, vers 18h, et du coup je suis parti avec la fraîcheur du soir et je suis revenu avec la nuit.
  • Bon d’accord, je n’en ai fait qu’une grosse demi-heure. Ben, il faisait nuit après. Et la gadoue, c’est moins bien la nuit.
  • Bon d’accord, je n’ai pas fait beaucoup de kilomètres. C’était un endroit que je ne connaissais pas ; ça viendra.
  • Bon d’accord, je l’ai fait avec le casque de musique sur les oreilles et je n’ai pas profité de la nature.
    Mais ça m'a permis de rester concentré dans mes efforts et ma lancée.
  • Bon d’accord, le fond du paquet de chips de maïs ce n’était pas la meilleure nourriture pour m’y préparer.

Mais quelques fois, il faut cibler ses objectifs, se donner les moyens (peut-être aussi s’appater), sans être trop regardant pourvu que l’on s’y mette vraiment !

J’ai même décroché un peu de plaisir et de chaleur avec le sérieux dénivelé (pas du tout indiqué par Google d’ailleurs).

Je l’ai fait ! Victoire personnelle !

Les victoires, c’est comme les économies : il n’y en a pas des petites. Voilà !

Je me félicite et me congratule… et je vous le partage !

Maintenant, les prochaines étapes consistent à réitérer.


Chimio épisode 2        - le 2 mars 2022

Me voilà au pied du bâtiment H2. C’est le jour de ma deuxième chimio. Je retrouve les mêmes couloirs, les mêmes ascenseurs. Je ne suis ni pressé, ni enjoué. Je ne suis pas triste mais l’idée de recommencer les injections, d’être à nouveau fatigué et un peu ralenti ne me plaît pas beaucoup. Je patiente un peu. Je suis reçu par les infirmières, puis l’oncologue. Les échanges me redonnent un peu de chaleur et m'invitent à quitter cette torpeur. Est-ce la longue complainte de l'histoire du cambriolage du chauffeur de taxi qui m’a fait perdre mon entrain, ou simplement que je ne sois pas encore bien éveillé ?

Et voilà qu’en parlant je m’entends dire que j’ai hâte de continuer le traitement afin de continuer à agir sur cette tumeur. Cette tumeur qui n’a déjà pas beaucoup apprécié la première injection et que j’ai senti se débattre pendant le premier round, tout en faisant un premier constat positif. Cette pensée réveille mon esprit de combativité !

Les choses sont alors remises en perspective.

Patience, force, courage, persévérance et volonté de guérir !

Comme le chante la Mano Negra dans “Pas assez de toi” (lien Youtube) :

J'ai comme envie de n'importe quoi

(...)

Comme envie de tout casser chez toi

Comme envie d'expliquer comme ça

Je peux très bien me passer de toi

J'ai comme envie d'une fin torride

Comme on en voit qu'au cinéma

J'ai comme envie que ce soit terrible

Et qu'a se passe juste en bas de chez toi

Je peux très bien me passer de toi

J’avoue que je l’ai écouté plusieurs fois en écrivant cet article ! 😊

La chimio s’est très bien déroulée : Détendu, à nouveau serein et présent.

Je sens que j’ai probablement eu une dose un peu plus forte (ou que ça se cumule avec celle de la dernière fois). Les super pouvoirs sont revenus très vite ! Et même de façon plus intense pour la crispation de la mâchoire. Mais c’est tant mieux, on n’est pas là pour rigoler non plus, surtout si on veut arriver à bout de cette tumeur ! Faut ce qu’il faut ! Paf !


La mesure du possible        - Le 10 mars 2022

Ne vous sentez-vous pas petit et dépassé dans ce monde normalisant qui accorde peu de considération aux différents ?

Dans la norme ?

Je ne l’ai jamais été. Non seulement je me plais à être différent, mais ça me coûte de me conformer ! Qu’ai-je à apporter si ce n’est quelque chose de différent ? Ne sommes-nous pas tous uniques ? N’est-ce pas la différence qui fait la richesse ?

Vivant parmi d’autres frères et sœurs en humanité, je suis doté d’intelligence, d’émotions, de mes sens. Je suis là pour aimer, pour toucher, goûter, sentir, parcourir, dialoguer, pour être parmi vous ! J’ai tellement de richesses à découvrir chez moi, chez vous ! Richesses à partager, richesses à échanger, richesses à contempler.

Partager, se faire grandir (mutuellement) et s’aimer, voilà les maîtres mots d'une vie riche !

Mon corps, un boulet ?

Oh que non ! C’est mon humanité ! Je vis par ce corps ! Et je meurs par ce corps ! Il porte les marques du temps et de mes expériences, fidèle compagnon, silencieux et dévoué. Il supporte et assume tout. Il sera même encore là à la résurrection finale, nous dit le crédo (“je crois [...] en la résurrection de la chair”). Sachant cela, je me dois d’en prendre soin. Tous les jours. Jusqu’à la fin.

“Aimer son prochain comme soi-même” : Que veut dire cette phrase si je n’aime pas mon corps ?

Pour résumer, je dirais simplement :

Vivons pleinement, avec ce qu’il nous est donné d’être et ce qu’il nous est donné de vivre ! Apprenons à être reconnaissant en toute circonstance et si quelque chose n’est pas ce à quoi nous nous attendions, peut-être avons-nous quelque chose de nouveau ou de plus grand à vivre que ce que nous avions prévu !


“Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde !”
(Cité par St Jean-Paul II, paraphrasant Ste Catherine de Sienne)



Alors cette 2ème séance ?        - Le 10 mars 2022

Lambda        Ça fait un moment que tu n’as pas écrit dans ton chlog, David ?

David        Oui c’est vrai. En fait, c’est parce que je suis sur un article qui va avoir besoin de plus de temps de gestation. C’est un sujet qui me tient à cœur, mais qui est un peu délicat et je n’aime pas le ton que j'emploie. J’espère qu’il verra verra le jour bientôt.

Lambda         Comment vas-tu ? C’est que nous n’avons pas eu beaucoup de nouvelles depuis la dernière chimio !

David        Et oui, désolé.
Je vais bien ! Je pense qu’ils ont mis la pleine dose contrairement à la première où ils n’avaient pas encore eu les résultats de la toxicologie du foie. Mais, malgré cela, c’est comme si mon corps connaissait les effets secondaires et les vit alors avec encore plus de douceur.
D’autre part, je fais attention aux petits désagréments afin qu’il restent petits. Tu vois, je me gère en essayant de prendre les choses tranquillement. Par contre, je peux te dire que la tumeur n'est pas très contente de cette chimio. Elle réagit, travaille et me fait quelques désagréments (comme elle se situe dans le rectum, c’est comme si elle jouait avec mon envie d’aller au toilettes…).

Lambda        Et comment vis-tu cela, dans ton quotidien ?
Tu es en arrêt maladie, j’imagine.

David        Pas du tout ! Je continue à travailler, à aider aux tâches ménagères et à m'occuper des enfants. Je me suis quand même mis en temps partiel thérapeutique à 90%, ce qui me laisse le jour de la chimio pour vivre ce que j’ai à vivre. Mon travail peut être entièrement en télétravail, mon employeur est super compréhensif et nous laisse gérer notre temps de travail en toute confiance. C’est motivant, ça occupe et ça maintient dans une quasi-normalité du quotidien. De plus, j’aime mon travail et m’y investis volontiers… jusqu’à m’y perdre quelques fois !
Heureusement, j’ai une épouse qui s’adapte, avec beaucoup de patience et de dévouement (notre dernière, Noémie, ne fait pas encore ses nuits, entre tétés et crises d’eczéma). Mes plus grands, Mathilde et Gabriel, s’intéressent et me questionnent, débordant d’énergie et d’inventivité. Bref, la vie suit son cours, et moi, tant que je le peux je cours aussi !

Lambda        Maintenant que tu te prépares à ta 3ème chimio, peut-être peux-tu nous donner une idée des différentes phases que tu traverses ?

David        Tout à fait ! Disons que je n’ai pas encore beaucoup de recul, mais je commence à cerner les différents temps de réactions à la chimio.
- J0 à J4, le corps subit les “poisons”: il devient de plus en plus fatigué avec un pic le 4ème jour ; jour où j’ai besoin de beaucoup dormir. Ça tombe bien, c’est le samedi ! C’est à ce moment là que j’ai le plus d’effets indésirables (crispation de la mâchoire, sensations électriques dans les extrémités des doigts).
- J4 à J7, la fatigue plane et le corps déjà diminué doit se concentrer dans la fabrication de globules blanc (injections exprès). Mais le pic de fatigue étant passé, j’arrive à fonctionner. J’ai maintenant une molécule que je supporte beaucoup mieux, concernant ces injections. Ouf !
- J7 à J10, les effets secondaires sont biens présents (dessèchement des muqueuses, bouche pâteuse et perturbation du goût, en particulier). Le monstre se réveille : la tumeur n’apprécie pas du tout les poisons et le manifeste !
- J11 à J13, diminutions des désagréments, des effets secondaires et retour progressif de la forme jusqu’à J14, où on recommence.

Lambda        Merci David pour ces précisions.
Une dernière question : le moral dans tout ça ?

David        Ben ça va. Je ne peux pas dire que c’est facile tous les jours, mais je tiens bon. Entre patience, combativité, confiance et paix du cœur, je fais face. Je suis soutenu par de nombreuses personnes magnifiques qui pensent à moi, me soutiennent et prient pour moi. Je sais que le Seigneur ne m’abandonnera pas. C’est à moi de faire le chemin et aussi bien je sais que je ne suis pas au bout de mes peines, je sais que j’ai encore de belles choses à vivre, à découvrir et certaines me surprendront, j’en suis certain, et peut-être même avant la fin du voyage !

Lambda        Avant de nous quitter, une dernière anecdote ou un dernier mot ?

David        Oui ! Les douleurs les plus fortes que j’ai supportées ce coup-ci, n’ont pas été en lien avec la chimio, mais tout à voir avec ma chute de vélo, il y a 3 jours ! Des bleus, des égratignures, c’est tout. Mais quand on est faible, la gestion de la douleur est amoindrie, surtout quand le corps est déjà bien occupé ! :)

Bon courage à vous tous, des bisous, des pensées, de l’amitié.
Vous êtes dans mon cœur et dans ma prière.

Blague du jour        - Le 16 mars 2022

Ce matin, mon taxi conventionné est arrivé avec un bon quart d’heure “toulousain” de retard.

En entrant dans la voiture, j’ai demandé au conducteur comment il allait.

D’un ton un peu dépassé par les évènements, il m’a répondu : ❝ C’est la course ! ❞


La confiance, ou l’insouciance d’un enfant        - Le 16 mars 2022

Je suis sidéré par les similitudes de ma paternité vécue avec les enfants et ma relation à Dieu, notre père ! [NDLA: Relation à laquelle je vous invite à goûter, si vous ne l’avez jamais vécu ainsi !]

Voici quelques touches personnelles qui me renvoient aussi bien à mon amour paternel envers mes enfants, qu’à ma façon de vivre ma foi :

Maintenant, si je vous dis que j’ai vécu cette nouvelle journée de chimio avec l’insouciance d’un enfant, sans me préoccuper de tout ce qui pouvait m’arriver de fâcheux, de désagréable ou de difficile, allez-vous me croire que j’ai passé une bonne journée ? Joyeux, détendu et confiant ?

“ Que rien ne te trouble,

que rien ne t’effraie ;

tout passe.

Dieu ne change pas :

la patience obtient tout ;

celui qui possède Dieu

ne manque de rien

Dieu seul suffit ! “

Citation de Ste Thérèse d’Avila,

dont on a fêté les 400 ans de sa canonisation samedi dernier.


Le lion        - Le 26 mars 2022

Il est fier, le lion. Il est fort et ne se laisse embêter par personne. Il domine le règne animal de sa nonchalance. Il défend son territoire, protège sa famille et partage son repas selon son bon vouloir. Il peut attraper sa proie d’un seul bon. Mais il sait aussi économiser sa force, choisir les bons combats et éviter les rencontres fâcheuses. Il discerne les moments d’actions des moments de repos.

Mais aujourd’hui son combat est tout autre : il est intérieur ! Il doit se battre contre un ennemi qui le ronge et qui l’incommode. Il découvre petit à petit l'ampleur de cette lutte. Comme il voudrait tout résoudre par un coup de patte, mais brasser du vent et s’énerver tout seul en vain ne l'intéresse guère. Il veut du concret, de l’affrontement. Il pousse alors quelquefois un grognement, des coups de gueule.

Il a compris que la victoire s’obtiendra par la patience : par sa ténacité et sa détermination ! Alors il se couche à nouveau, regarde ce qu’il ne peut plus faire et ce qu’il ne doit plus manger. Se laisse enivrer par l’envie, puis se résigne. Oh qu’il n’aime pas se faire déranger ! Oh qu’il n’aime pas tous les désagréments ! Mais cet élan pour se débarrasser de tout ça, le renforce jusque dans son tempérament-même. Mais quel effort !

La force au service de la patience, quelle drôle d’idée !


Rester dans la course !        - Le 27 mars 2022

Aïe, aïe, aïe ! Sortie de route, malheureux ! Incident technique, et remorquage imprévue au stand !

Cette semaine n’a pas été de tout repos ! J’ai subi une sorte de gastro la nuit de dimanche à lundi. Avec mes 53 kilos, j’étais vidé et épuisé. Ça commence bien, la semaine !

Mais la course n’est pas finie ! je viens juste de passer le troisième checkpoint sur six, soit juste la moitiée. Je ne peux pas m’arrêter là ! Allez, on rassemble la team, on fait un meeting et on se fait une roadmap ! Pas question de laisser le ”reboostage" au hasard !
D’abord, on s’écoute. On en est-on ? Le réservoir a pris un coup dans l’aile, pas question de refaire le plein tout de suite. On va la monter sur le pont et passer le temps pour qu’elle ait les moyens de repartir.

Lundi matin, j’ai commencé par une sieste, puis finalement j’ai passé la majorité de ma journée à récupérer par le sommeil.

Ensuite, il faut ravitailler au plus vite afin de ne pas perdre le rythme ! Maintenant trouvons le meilleur mélange de carburant et du niveau et qualité de l’huile, pour réinitier le moteur en douceur, sans le brusquer, mais lui permettre de monter en régime le plus rapidement possible.

Lundi soir, petite salade de fruits (pomme, banane). Maintenant on réajuste le dosage du Desmodium, puis on double la prise de Spiruline et on s’oblige à 3 cuillères d'huile vierge (Oméga 6 + Oméga 3). Pour finir, on s’assure de bien consommer régulièrement protéines, céréales. Avec mon jus le matin, les légumes (et vitamines), pas d’inquiétude.

Et pour finir, reprendre la course, crescendo, sans trop forcer le temps que le moteur chauffe et que le véhicule retrouve sa pêche et sa vitesse de croisière.

Mardi, reprise du travail, avec un petit mal de tête en début de matinée, qui s’est dissipé en laissant petit à petit la place à de la disponibilité pour résoudre les problèmes et affronter les difficultés.

Bravo l’équipe, succès de l’opération ! Retard maîtrisé, et reprise de la course dans des conditions optimales.


Mercredi j’étais à plein régime* ! Et comme pour clore la montée en puissance “de la bête”, petite balade en vélo en plein vent d'Autan. (Si ça, c’est pas du sport ?! En tout cas, pour moi dans mon état, c’était tout comme !) Ça m'a rincé, dans le bon sens du terme !

Bref, me revoilà dans la course ! Et je compte bien prendre encore un peu d’élan pour la chimio de mercredi prochain !

(* de mon état actuel)


Puzzle, à vous de jouer !        - Le 28 mars 2022

J’aime beaucoup les puzzles.

En particulier, les heures faits main avec des choses toutes uniques.

J’ai hérité de cette affiche, tant dans le challenge que dans le plaisir.

Je me souviens de longues pièces consacrées à assembler des petites formes colorées,

aux points changeantes, qui rendaient hommage à un peintre ou une table d’époque.

Ce jeu, j’en ai réalisé trois, puis un autre qui va rester facilement une semaine sur la culture,

en attendant de trouver tout le weekend nécessaire à sa finalisation.

Cette façon de discerner LA pièce qui correspond à ce que l’on cherche

et qui immédiatement se perd au profit du temps

me redit à quel point ce qu’il nous manque dans la vie nous paraît évident, facile à rendre et même quelquefois cruel !

Mais alors que ce que nous avons nous paraît naturel, flou, voire même normal et peu important.

Même quand il s’agit de la chose-même dont nous manquions peu de temps auparavant !

C’est amusant comment l’importance des puzzles peuvent varier en fonction des teintes de vue !

J’espère que ce petit résultat expérimental vous a plu sans vous trouver la lecture trop compliquée ou fatigante.

En tout cas, bravo d’être arrivés au bout !

Ils l’ont dit…        - Le 30 mars 2022

Docteur :

“Votre poids risque de devenir un problème (...) il faut manger du sucre ! C’est bien de manger des gâteaux et des biscuits ou une petite crêpe de temps en temps.”

Diététicienne nutritionniste :

“Manger des protéines avec les fruits va même faire baisser leur indice glycémique !”

Infirmière :

[En lisant l’étiquette du prochain produit] “David Rousseau né le 14/06/1984, ça n’a pas changé ?”


On fonce !        - Le 30 mars 2022

Je dois admettre que l’écriture des articles de ce chlog doit avoir une valeur thérapeutique. En effet, je mets des mots sur ce que je vis et m’oblige à être actif dans le choix de mes attitudes. Je ne peux pas rester passif et me morfondre. En quelque sorte, nous faisons route ensemble.

▸ Vous, avec moi, par le soutien, la prière, les petits mots et autres positivités !

▸ Moi, avec vous, en tant qu’acteur, qui vit certes ce qu’il a à vivre, mais qui ne veut pas non plus se laisser choir dans un pessimisme malsain et finalement néfaste, comme pour ne pas gaspiller toute cette énergie dont vous me faites bénéficier !

Par exemple, depuis que j’ai écrit l’article “Le lion” et “Rester dans la course” (il y a 4 ou 5 jours), je me suis pris d’un dynamisme et d’une volonté de reprendre force et poids pour la prochaine chimio. (Je ne cache pas non plus que je voulais aussi montrer au corps médical sceptique, que mon régime sucre-lactose-gluten n’était pas source de dénutrition !)

Et quand je suis monté sur la balance, devant les infirmières, j’ai même laissé échapper un “YES !” : J’ai repris 1 kilo, sachant que j’avais du en perdre d’avantage entre-temps avec ma sorte de gastro (cf. “Rester dans la course”).

Une autre de mes victoires, jusqu’ici, est d’avoir réussi à continuer de travailler tous les jours (excepté mon lundi de récupération de ma gastro et les jours de chimio). Et par travailler, je veux signifier de la programmation (sites internet et mobiles), de la gestion de projets, de la prospection, des démonstrations et formations aux clients. Et par réussir, je veux signifier résolutions de problèmes, satisfaction des clients, de nouveaux contrats.

Pardonnez-moi mon petit moment d'orgueil, mais c’est vrai que lorsque je regarde en arrière et vois tout ce que j’ai accompli depuis ce début d’année, je suis moi-même étonné et fier dans le sens où je veux maintenir le cap et ne pas laisser, ni le cancer, ni le traitement, m’empêcher de me passionner dans mon travail et mes projets.

Même si je suis obligé de ralentir, m’écouter davantage et fonctionner mieux avec qui je suis… mais n’est-ce pas les bienfaits de toute maladie ?

Temps d’arrêt au stand d’un F1 inférieur à 2 secondes !


Le marathon continue        - Le 13 avril 2022

La ligne de départ semble tellement loin maintenant, toute l’attention se porte sur l’effort de l’instant. Esquiver les nids-de-poule, s’écorcher dans les branchages et chasser les nuisibles sont devenues une habitude.

Poursuivre l’effort, prolonger l’élan, garder le rythme.

Pour cette nouvelle étape, ma partenaire de course a dû me laisser un moment seul tirer le peloton de petites marmailles (2 jours, clouée au lit avec la gastro). Qu’à cela ne tienne, je tiendrai ! Je persévère dans l’effort et entraîne mon petit monde vers l’avant.

Arrive maintenant un col audacieux à passer (projet avec un délai court et une livraison pas prête du tout). Ai-je encore les ressources pour pousser un peu plus ? Oui ? Alors j’y vais : Je deviens le grimpeur ! Hop, une journée bien remplie, puis la soirée. Une deuxième journée, une autre soirée… et ainsi d’un effort prolongé à un investissement intensifié, j’ai passé la semaine à travailler en moyenne 3 demi-journées par jour pour honorer la deadline.

Même mon corps a attendu le weekend pour subir à son tour la gastro (une vraie cette fois) !

Cela ne m’a pas arrêté pour autant, ralenti un moment, certes, mais je suis resté debout !

Poursuivre l’effort, prolonger l’élan, garder le rythme… et s’écouter.

Grâces vécues        - Le 13 avril 2022

Vous vous souvenez quand je vous écrivais de ne pas refuser les difficultés car beaucoup de choses peuvent être vécues et en découler ? (cf. 1ère séance)

C’est tout à fait celà que je vis ! Et en voici un exemple :

Depuis longtemps, je me demandais comment est-ce qu’un couple arrive à s’aimer au point où chacun donne tout l’un pour l’autre sans faire passer ses besoins et souhaits (exigences) en premier. Comment en vient-on à ce que chacun s’occupe du bien être de l’autre et fasse des efforts pour que l’autre soit bien, qu’il puisse fonctionner au mieux, dans ce qu’il a à vivre et à faire.

Pour les plus observateurs, on retrouve souvent ce niveau de relation chez “les petits vieux qui s’aiment encore” et les saints. Image emblématique de la Sainte Famille, ainsi que dans le mystère de la Trinité, ou encore dans l’amour du Christ pour Son Eglise.

Depuis le début de mon histoire avec Luzia, mon épouse, c’est quelque chose que j’ai désiré, que j’ai cherché à atteindre. Cependant, ce n’est pas qu’une question de volonté et d’envie.

Bref, cette invitation restait, pour moi, encore un peu énigmatique.

Récemment, je me suis aperçu que maintenant Luzia et moi étions tous les deux préoccupés de la santé, de l’équilibre et du bien-être de l’autre pour qu’il puisse affronter et bien vivre toutes les choses du quotidien. Ben, voilà ! Ça y est, on y est !! Gloire à Dieu !

Non pas qu’on ait atteint l’objectif, mais comme si on avait passé la vitesse supérieure dans l’amour. On troque sa volonté de contrôle contre la possibilité d’être surpris et nourri par l’amour de l’autre. Je ne cache pas que ça implique transparence et communication !

Dans cette bienveillance et préoccupation croisée, on vit à un autre niveau de profondeur, avec une petite touche de révolution dans l’amour et une petite porte ouverte sur l’éternité.


Anti-héroïsme        - Le 24 avril 2022

La littérature sur le sujet, rend compte de plusieurs types d'antihéros. J’en retiens 4 principaux :

Pourquoi je vous parle d’antihéros, allez-vous dire ?

Parce que je ne veux pas terminer ce chlog en vous laissant l'impression que j’ai été infaillible depuis le début de cette chimiothérapie. En toute simplicité, je vais vous montrer que je suis bel et bien humain, faillible, pauvre, mais encore debout et confiant.

Sans m’éterniser sur ma liste de choses “moins-bien-réussies-que-prévu”, à votre avis, quel type d’anti-héros pensez-vous que je sois ?

Comme pour conclure, je vous laisse avec un de mes passages préférés de la Bible:

" Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même,

puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ;

la persévérance produit la vertu éprouvée ;

la vertu éprouvée produit l’espérance ;

et l’espérance ne déçoit pas,

puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. "

Romain 5:3-5


Maman ours        - Le 27 avril 2022

Je voudrais faire une petite dédicace à mon épouse, Luzia :

Elle s’est beaucoup démenée pendant toute cette période de chimiothérapie, dans l’ombre, gérant la maison, la marmaille et les dossiers, me suivant au jour le jour, à l’écoute de ma fatigue et de mes capacités. Sans hésiter à me solliciter, sans jamais trop m’en demander, quitte à sacrifier ses séances de zumba préférées. Un bon moyen de me maintenir de la partie, sans m’épuiser.

Elle a même appris à ne pas tenir compte de mes petits éclats d’humeur à cause de fatigue ou de raz-le-bol. Usant de sa patience jusqu’à épuisement avec les enfants, jonglant entre les timings respectifs, anticipant tous les besoins, prenant du temps avec chacun, cherchant toujours à faire plaisir. Et tout ça en vivant ses propres émotions et sentiments, tout en étant attentive à ce que chacun vive les siennes. Véritable femme-orchestre !

Sans parler de ses nuits toujours hachées par les tétées, de l'eczéma de Noémie qui dure encore, de Gabriel qui a la varicelle et Mathilde qui vient de se fracturer le bras. (Vive les vacances ! 😜)

Merci à cette femme que je suis heureux d’avoir épousée et qui fait la fierté de ma maison.

“ Elle gère, elle assure et elle envoie du steak ! ”


On y est ! C'est la dernière !        - Le 27 avril 2022

Dernière ligne droite !

Voilà le dernier col de cette route montagneuse ! Encore un effort, peut-être le plus dur, mais après ce ne sera que de la descente !

Le lion s’étire et se redresse ! Il secoue sa crinière et pousse un rugissement d’avertissement !

On amorce le dernier tour ! Le drapeau à damiers se prépare !

Dernière journée de chimiothérapie ! Je pense que vous pouvez vous imaginer à quel point je suis content !

Terminé les picotements dans les doigts, les orteils, le nez et leurs modifications de sensibilité.

Terminé les articulations des doigts qui se bloquent avec leur refroidissement.

Terminé les moments de mauvais fonctionnement des paupières et les fatigues oculaires.

Terminé les crampes dans les jambes et les pieds.

Terminé les fatigues successives qui altèrent la concentration, la vitalité et quelques fois l’humeur.

Terminé les somnolences et les baisses de réactivités.

Terminé les diarrhées et autres troubles digestifs.

Terminé les fringales incohérentes qui ne tiennent pas compte de l’état ou de la fatigue du système digestif. Ça m'arrive quelques fois, même le ventre plein !

Terminé la perte de cheveux. Je me sens comme un chat qui perd ses poils de partout ! Rassurez-vous, il m’en reste. C’est juste un peu moins dense.

En même temps, je n’aurai plus de ces journées pépères, toutes les quinzaines, dans une chambre rien que pour moi, où je suis conduit et servi tel un prince. Mais c’est un petit prix à payer pour retrouver toute l’ampleur de mes capacités, sans les désagréments !

Encore 2 semaines difficiles à passer, puis le plus lourd sera derrière moi !

Merci à vous !        - Le 27 avril 2022

Quelle joie de vous avoir emmené avec moi dans mes péripéties chimiothérapeutiques. Vous avez été nombreux finalement à suivre ce Chlog. J’ai recensé à peu près une centaine d’inscrits, 40% par mail, 15% par WhatsApp et 45% par sms. Mais je sais qu’il y a encore plus de lecteurs enthousiastes. Je vous remercie pour tout ce que vous m’avez apporté jusqu’ici ! Et je sais que vous avez tous contribué d’une façon ou d’une autre à m’aider à vivre ces moments difficiles.

Même si je suis encore loin du terme de ma thérapie, je tenais à vous remercier pour tous ces moments vécus ensemble, de vos prières, de vos petits messages encourageant, des retours de lecture des articles de ce Chlog et de tout ce que vous m’avez envoyé, chacun à sa façon !


Alors ce silence ? Qu’est-ce qui se passe ?        - Le 11 juin 2022

Pas de nouvelles, bonne nouvelle ?

Pas cette fois-ci… disons, pas que.

Après un retour à la maison, moralement soulagé, j’ai subi une dégringolade au niveau de mon énergie, mon appétit et mon poids. Comme dans du sable mouvant, chaque jour, malgré repos et efforts alimentaires, j’étais de plus en plus fatigué et ralenti. Si bien que j’ai fini aux urgences à 45 kg, pour m’aider à reprendre des forces et du poids. Pour moi, j’étais déjà sur la pente montante, mais ça rassurait tout le monde de me savoir pris en charge pour des professionnels.

10 jours plus tard, je suis sorti avec plus de 10kg en plus, le cathéter (PAC) enlevé et une folle envie de me remettre à des projets, mais contraint à me reposer encore 2 semaines. Donc le travail, pas encore.

Aujourd’hui, j’ai à nouveau bonne mine et avec une sieste de temps en temps, les choses vont plutôt bien : J’ai pu bien me reposer, puis j’ai repris le travail et commencé la radiothérapie.

Quelques barres et ça repart !        - Le 11 juin 2022

La partie chimiothérapie est maintenant derrière moi ! Le plus lourd est passé.

Maintenant, je suis dans la phase radiothérapie, en vue de l'opération finale, puis poche définitive. En résumé : une heure de trajet (aller + retour) pour 10 minutes de passage dans la machine, tous les jours sauf weekend et jours fériés.

J’ai 28 séances de programmées, soit 6 semaines, ce qui est plus léger que d'autres traitements de radiothérapie. En effet, il s’agit de délimiter la tumeur pour favoriser la chirurgie, pas de la détruire. Le radiologue m’a quand même affirmé qu’il y avait 23% de chances que la tumeur disparaisse ! Ce qui fait, pour les matheux, entre 1 chance sur 4 et une chance sur 5 !

On verra ce qui se passe, mais je compte bien faire réévaluer la situation avant la chirurgie, pour s’assurer de la réelle nécessité de poser un acte irréversible.

Mais, comme je le dis souvent, les choses sont entre les mains du Seigneur, puisque la mienne est déjà dans la Sienne.

“ Pourquoi toi, ne peux-tu croire qu'un Dieu puisse

dire à la Mort : "Suffit !" et à la Vie "Reviens !" ? ”

(Phrase de Marie dans EMV 614.11)


La confiance, une absence de doutes ?        - Le 11 juin 2022

Lors de mes différents échanges (certains se reconnaîtront), on m’a dit que mon absence de doutes était remarquable. Bien que sur le coup j’ai répondu que la confiance était un peu comme l’amour : on en connaît vraiment la profondeur que lorsqu’on a déjà commencé.

J’ai repensé plusieurs fois à cette conversation et je peux maintenant affirmer que la confiance n’est pas une absence de doutes, mais que malgré les trous dans la route et les obstacles encore non visibles, on se laisse conduire et surtout on laisse au Conducteur le soin de les éviter et de faire au mieux. Peut-être prendra-t-Il quelque raccourci chahuteur, sombre ou inquiétant, mais c’est Lui qui est aux commandes et je crois simplement qu’Il est plus à même de savoir ce qu’Il fait et où Il va. Et que moi, passager souvent mécontent, indécis et peu clairvoyant, je ferais mieux de profiter du voyage, du paysage… et de la compagnie !

La confiance, c’est arrêter de vouloir tout contrôler dans sa vie, sans se laisser engloutir par les courants du monde, en s'arrimant sur Celui qui nous mène vers la paix et la joie profonde, et même éternelle !

La confiance, c’est le petit enfant qui fait ses premiers pas sous les encouragements de ses parents. Il fait confiance à ses parents, qu’il est prêt, que s’il tombe il sera rattrapé. Et cette joie partagée renforce sa propre confiance en lui et lui ouvre les portes des possibles. La confiance le fait grandir !

Et nous, voulons-nous grandir dans notre foi, nous lever et marcher fièrement debout sous le regard du Seigneur ?

“ La Gloire de Dieu, c’est l’homme debout. ”

(St Irénée, 2ème évêque de Lyon – 3e Siècle)


L’amour de Dieu        - Le 11 juin 2022

L’amour de Dieu. Cet amour entre Dieu et nous, cet élan entre 2 personnes qui se cherchent…

Instant geek : “Amour de Dieu” peut avoir 2 interprétations.

  • L’amour reçu de la part de Dieu (génitif subjectif)
  • L’amour que nous avons pour Dieu (génitif objectif)

Les 2 sens doivent coexister pour une relation, n’est-ce pas !

“ Et Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon. ” (Gn 1:31)

“ [ELLE] Je dors, mais mon cœur veille… C’est la voix de mon bien-aimé ! Il frappe !

   [LUI] – Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe, ma toute pure …”

(Ct 5:2)

“ Il a pour toi donné ordre à ses anges de te garder en toutes tes voies.

Sur leurs mains ils te porteront pour qu'à la pierre ton pied ne heurte“

(Ps 91:11-12)

Sinon quel genre d'amis suis-je ?

Ce n’est pas si difficile, finalement ! C’est exigeant, n’est-ce pas ? Mais n’est-ce pas à la portée de tous, chacun selon ses dispositions et capacités ?

Le meilleur dans tout ça ? C’est que c’est une relation, d’amour ! Croyez-vous que le Seigneur va rester de marbre devant nos tentatives de l’aimer davantage ?!

“ Bien plus, l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables.

Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles.

Nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu'ils sont appelés selon le dessein de son amour. “

(Rm 8:26-28)


Pleine vessie        - Le 27 juillet 2022

Pour être admissible à une séance de radiothérapie (pour un cancer du rectum, en tout cas), il faut arriver la vessie pleine. Sinon, recalé en salle d’attente !

Une vessie considérée comme pleine doit contenir au minimum 200 mL de liquide. Cela est mesuré grâce à une échographie, qui est réalisée d'office au scanner de centrage initial, mais ensuite, on navigue à vue, ou plutôt à la sensation !

C’est surtout une question de timing : A mon scanner de centrage, à première lecture, j’étais à 160 mL, donc insuffisant ! Après une demi-heure à me sentir puni dans la salle d’attente, la deuxième lecture affichait plus de 500 mL !

Cette nouvelle préoccupation est partagée avec ceux qui ont un cancer de la prostate, il me semble, et devient la deuxième question demandée par les radiologues!

=> Et là, on fait une évaluation rapide, et quelques fois, on préfère répondre “Pas tout à fait !”, plutôt que de s’en apercevoir à mi-séance et de devoir revenir dans la salle d’attente !

Quelquefois, il arrive aussi que la vessie soit trop remplie ! (Cela m’est déjà arrivé 2 fois)

A ce moment précis, à la question “Êtes-vous capable de faire juste un petit peu ?”, j’ai eu envie de leur répondre “Donnez-moi une bassine, je vais vous montrer !”. Parce que là, il faut retourner en cabine, se rhabiller, traverser la salle d’attente sous les yeux interrogateurs des autres patients qui attendent, s’enfermer aux toilettes, se défroquer à nouveau, se concentrer, faire une quantité tellement petite que la vessie en est toute déboussolée (Faut s’imaginer que s’il on a une vessie trop pleine, c’est qu’on a aussi très très envie !!), puis revenir au scanner en sens inverse. Et là, on attend… en ne redoutant qu'une seule chose : que la vessie soit trop vidée !!


Dernière ligne droite        - Le 4 juillet 2022

Je sais que vous êtes nombreux à être impatients de nouvelles fraîches et de la suite de mes articles. Comme j’aimerais vous en donner plus, mais les effets de la radiothérapie sont beaucoup plus gênants que ceux de la chimiothérapie. Et malheureusement, la position assise me coûte et je dois régulièrement aller me reposer en position couchée.

Pour ceux qui aiment bien comprendre, je n’ai pas de gros intestin depuis quelques années, et les aliments, entrant en contact avec le rectum, agressé aux rayons quasiment tous les jours, me donnent envie d’aller aux toilettes aux environs de 20x par jour.

Aujourd’hui j’en suis arrivé à des douleurs presque permanentes et les muscles autour sont bien enflammés. Je tourne aux antalgiques pour pouvoir fonctionner un minimum et essayer de dormir la nuit.

Mais rassurez-vous ! La phase de radiothérapie est presque terminée ! Il me reste plus que les 3 dernières séances, dites “boost”. Même si les effets ne vont pas s’estomper immédiatement et que le pic d’efficacité est évalué à 3 semaines après la dernière séance, c’est déjà un grand soulagement de ne plus irradier mes organes, ma peau qui ressemble à un vilain de coup de soleil mal soigné et de ne plus avoir à aller quotidiennement faire ces séances en ayant bu à outrance !


Opération récup’        - Le 2 octobre 2022

Me voilà enfin apte à poursuivre ce chlog : Lit médicalisé au dossier relevé, tablette inclinée pour l’ordinateur portable, enfin un peu de répit avec la douleur et surtout le retour de ma disponibilité d’esprit.

J’ai donc été allégé de mon rectum et de toute chair suspicieuse environnante jusqu’à l’ablation de mon anus, le 5 septembre. L'opération s’est bien passée, bien que longue (3h paraît-il). Je suis resté une semaine en soins intensifs, puis 4 jours en chambre, puis retour à la maison avec des soins infirmiers quotidiens. (Quel soulagement que le retour à la maison !)

Depuis, je passe mes journées couché, car c’est encore difficile de m'asseoir. Pour ceux qui connaissent la maison, j’occupe le nouveau bureau que nous avons terminé et aménagé in-extremis avant mon hospitalisation. (Merci Papa ’n co !)

Ma cicatrisation s’est faite en un temps record, sans complications ! Seule celle des fesses est longue et lente. Actuellement, je m’assois un petit peu plus chaque jour et commence à faire des petites choses pour m’occuper et me dynamiser. J’espace petit à petit les antalgiques, car je souffre moins. Aujourd’hui, on m’a enlevé les derniers points de sutures. Tout rentre dans l’ordre, c’est merveilleux de voir à quel point le corps se répare, se consolide, trouve une nouvelle façon de fonctionner ! On est bien fait quand-même ! 🙂

“ Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien.

Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ;

il me conduit par le juste chemin pour l'honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal,

car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ;

tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m'accompagnent tous les jours de ma vie ;

j'habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours. “

(Psaume 22)


Être en harmonie avec soi-même        - Le 13 octobre 2022

“Que tu acceptes ou pas de te faire opérer, choisis-le et prends une décision.”

Voilà un conseil qu’une thérapeute m’a donné peu de temps avant mon opération.

J’ai donc pesé le pour, le contre, au regard de tout ce à quoi je pouvais penser. La famille, les amis, ma carrière, mes projets, mes désirs, mes valeurs, mais aussi ce que m’a dit le chirurgien par rapport à son analyse de mon état.

J’ai donc décidé de me faire opérer. Une décision difficile tout de même : imaginez devoir décider de vous faire amputer ! Naturellement, une fois la décision prise, j’ai dû faire face au fait de dire adieu aux organes que j’essayais de sauver et d'accorder une attention particulière. Je suis passé d’un “Allez courage ! On va y arriver ! Voilà plein d’énergie et de paix !“ à un “Merci de m’avoir permis d’arriver jusqu’ici. Pardon de vous avoir fait autant souffrir. Maintenant, adieu !”.

Et curieusement, au réveil, après la chirurgie, et les jours suivants, j’ai senti une grande unité et que mon corps et ma conscience travaillaient de pair. La sensation d’un corps écouté et pris au sérieux qui trouve de nouvelles ressources pour participer activement au bien être général. Un mental attentif et patient, prêt à se mettre au rythme du corps et de sa progression, sans considérer ce dernier comme un boulet.

Bref, une expérience assez nouvelle et signe que je chemine vers une meilleure unité intérieure !

Un petit pas à la fois        - Le 21 octobre 2022

De nombreuses maladies et pathologies semblent se mettre au travers de notre route, nous réduire, voire même nous handicaper. Elles nous obligent à ralentir, prendre du temps pour soi et mettre en perspective notre course effrénée du quotidien.

Dans mon expérience, C’est le moment d'une conversion : arrêter de se faire des montagnes et se fixer de petits objectifs. Subdiviser nos grandes deadlines, longues, démoralisantes et changeantes en de petites tâches successives dont la dimension et la satisfaction sont palpables.

Un de mes exemples les plus représentatifs est la fois où j’ai eu la CMV (à l'âge adulte), qui est un cousin de la mononucléose. Résultat : petite forme, on s’épuise vite, et une activité ou tâche qui dure plus de 20 min (quelques fois 5 min) se voit avortée, faute de ressources.

Que peut-on faire ? Réponse spontanée : Rien.

Mais, entre le fait de tourner en rond et la volonté de faire quelque chose, on redécouvre que l’on peut finalement avancer, quelques minutes à la fois ! Si les tâches sont bien découpées, les choses avancent, le sentiment de réussite augmente et regonfle le moral et nous stimule à progresser.

Moralité, ce n’est pas notre capacité à assumer de grosses taches qui nous permet de faire avancer nos projets et assurer nos responsabilité, mais celle d’adapter nos tâches à nos capacités !


D’ailleurs notre temps de concentration est limité et se régénère par des pauses fréquentes, comme, le montre ces études que j’ai glanées sur le web :

Alors, ayons de l’ambition ! Voyons les choses en grand ! Visons loin et rêvons ! Mais ne soyons pas des superhéros ! il n’y a que des personnages fictifs qui font de grandes choses d’un coup et sans effort. Au mieux, dans la vraie vie, les prouesses nécessitent beaucoup de travail et d’entraînement ! Les plus grands et beaux murs sont construits brique par brique !

Pour moi, aujourd’hui, je récupère, je progresse un peu tous les jours, lentement, mais sûrement ! Petits progrès, petites victoires. Je m’oblige à ne pas m’emballer impulsivement sur des projets. Et faire petit à petit, c’est souvent frustrant, mais finalement, ça avance !

J’ai commencé un puzzle de 1000 pièces. Devinez combien de temps je passe à chaque fois que je m’y assois devant !

 Traduction : “L’exercice est beaucoup plus gratifiant quand on compte comme on le ressent.”


Persévérer une fois de plus        - le 2 novembre 2022

“Pourquoi est-ce toujours dans le dernier des endroits où l’on pense que l’on trouve ce qu’on cherchait ?”

Réponse : Hé bien, parce qu’après, on ne cherche plus !

Le succès, que l’on vise tous, n’est obtenu qu’au bout des efforts nécessaires à son accomplissement. On s'efforce d’estimer les ressources qu’il nous faudra déployer et notre capacité à mener à terme notre entreprise, mais la réussite n’est pas garantie pour autant !

Pour réussir, il nous faudra aussi persévérer, et donc se relever à chaque chute, se reprendre à chaque doute et se redonner force à chaque épuisement. Qu’aurait de plus un vainqueur, si ce n’est d’avoir tenu bon jusqu’au bout ?!

C’est même assez ironique : Et si la différence entre la victoire et le défaite ne se résumait qu’à se relever une dernière fois ?!

D’ailleurs, ceux qui font preuve de positivité seraient, paraît-il, plus à même de surmonter cette  ultime et décisive épreuve avec plus d’endurance !

Alors, oui, je vais affronter, haut le cœur, la dernière série de chimiothérapie que l’on m’a concoctée (et qui n’était pas prévue au début). Je termine ma semaine de vacances, et arrêt maladie pour attaquer la reprise du travail et mon premier jour de chimio lundi prochain !

6 séances, toutes les 2 semaines, comme au début, mais avec seulement 2 des 3 produits (ouf !).

Nouvelle victoire, nouvelle étape ! Allez, en avant !


Oser l’imperfection        - le 5 novembre 2022

Que vaut-il mieux ? Accomplir une chose en-deçà de ses capacités (idéales) ou ne rien faire ?

Je suis sûr que vous êtes, tout comme moi, souvent confrontés à ce genre de choix. Cette petite voix qui veut nous décourager et nous maintenir dans notre petit confort ; et c’est d’autant plus vrai que l’on s’en fait une montagne !

D’un côté, nous nous faisons notre propre juge et décidons si notre implication aura de la valeur et une valeur suffisante ! Ce qui est fondamentalement notre droit, mais sommes-nous vraiment les mieux placés pour connaître les effets de nos interventions ? Sommes-nous vraiment capables de mesurer l’impact d’un peu de courage ?

D’un autre côté, n’est-ce pas un frein pour avancer ? Si nous attendons les meilleures conditions, nous pouvons attendre longtemps… et pas grand chose ne se fait. (procrastination ?)

Alors que remettre à plus tard amplifie le phénomène, une chose accomplie nous libère l’esprit pour passer à autre chose, en plus de la satisfaction. Comme le diraient si bien ma grand-mère et ma mère : Ce qui est fait n’est plus à faire.

Pour les plus curieux, je vous invite à vous renseigner sur le “Cult of done manifesto”. Une drastique et excellente approche de la réalisation des tâches, avec des notions comme échouer est aussi une façon de réaliser.

Je suis le premier addict du “oui mais”, “mais pas maintenant”, “de toute façon" et du “trop tard maintenant”. Mais je me rends compte qu’à chaque fois où je me lance, que j’arrête de me trouver des excuses, j’avance 2 fois plus vite et je génère des effets que je n’ai pas fini de mesurer.

Les exemples du début me sont peut-être assez personnelles mais bien réelles :

Je peux témoigner que recevoir un message d’encouragement ou de sympathie, même des plus humbles, fait toujours plaisir. Le chapelet en voiture m’a permis de me rapprocher affectivement un peu plus de la Sainte Mère de Dieu, de baigner ma journée dans une sereine attitude emplie de paix. Et cela, malgré que je sois distrait, que je doive me reprendre et accepter d’avoir une prière diluée et loin de celle que je voudrais avoir. Mes interventions en réunion professionnelle m’ont fait réaliser que j’avais quelques prédispositions intéressantes, notamment pour rendre plus constructives les réunions airbusiennes avec une dizaine de chefs et responsables. Mes enfants sont adeptes de mes repas dernière minute et mon inventivité culinaire (qui n’a rien à envier à top-chef !).

Et concernant les articles de chlog, devrais-je arrêter de vous en écrire sous prétexte que je ne suis pas au top de ma forme ? 😉


Si je vous dis…        - le 7 novembre 2022

Ce matin, j’ai fait partie d’une équipe d’intervention, qui s’est préparée spécialement pour l’occasion. Après avoir installé le champ, et vérifié l’écho, il a fallu pénétrer dans la voie. En ce qui me concerne, j’indiquais le bon côté, bras gauche levé. Ensuite nous avons laissé le guide suivre la voie jusqu’à proximité de l’artère principale, en lien constant par radio, afin de pouvoir poser un pic line. Et enfin, sécurisation de la valve par un pansement stabilisateur.

Dans cette opération, j’y ai gagné 2 lumières !

Qu’est-ce donc que cette opération ?

Il s’agit de la pose de mon picc line (ou pic line) sous le bras gauche. Un acronyme pour cathéter central à insertion périphérique. Elle se pose au bloc opératoire, avec seulement une petite anesthésie locale. Tout s’est bien passé, sans douleurs, même si mes veines sont un peu rebelles!

Note pour les non médico-formés, je n’ai utilisé que du vocabulaire spécifique : champ stérile, échographie, voie veineuse, guide (fil semi-rigide inséré en premier sur lequel on enfile le tube), radio, picc line (petit tube intraveineux), valve, pansement stabilisateur collant, lumière (connecteur à l’extrémité du tube).

Pendant que l’on m’injecte le premier poison chimiothérapique et que les effets commencent à peine à se faire sentir, je vous souhaite une bonne semaine !


Et si j’essayais quelque chose        - le 23 novembre 2022

Et me voilà à nouveau à l’hôpital pour ma 2e séance de chimio. La première s’est bien passée et les effets qui s’en sont suivis, bien que plus dérangeants que dans mon souvenir, n’ont duré que la première semaine. Ensuite, la forme est revenue et j’ai passé une bonne semaine.

Me voyant un peu plus mal en point que les autres fois, mon épouse m’a beaucoup sollicité pour essayer quelque chose de nouveau. Par la suite, ça m’a été confirmé par toutes les thérapeutes que je connais, ainsi que mes recherches sur internet.

Cette idée vient de témoignages et des études du Dr Valter Longo qui a même établi un protocole pour cela.

Je vous dirai !

Addendum : Le docteur est passé pendant la séance pour me donner les résultats de mon analyse de sang faite juste avant de commencer : Les globules blancs étaient remontés sachant que la précédente a été faite la veille où je jeûnais déjà. Donc mon corps a “redressé” le manque de globules blancs en 24h… (malgré ou grâce au jeûne ?)


Retour d’expérience : Autoroute ou gadoue ?        - le 27 novembre 2022

Après avoir expérimenté le jeûne pendant ma chimio, voici ce que j’ai pu observé :

Non, pas du tout. J’ai toujours mes picotements aux mains, pieds et le blocage de la mâchoire, la difficulté à supporter l’adhésif de ma poche de stomie, etc. Tout cela n’a pas trop changé et se rajoute même à l’intensité de la première série de séances (de février à avril). Le corps se souvient et les effets se cumulent…

Malheureusement, oui. Et se réalimenter en ressentant encore des nausées n’est pas le plus agréable !

Ca, c’est la nouveauté : Premier soir, crevé. Comme un premier soir de crève : Le corps lutte et en est épuisé. Le lendemain, j’ai retrouvé une bonne vitalité, et le soir, grosse fatigue, mais moins forte que la première. Troisième jour, jour de réalimentation et jour où on m’enlève le diffuseur (ultime produit de chimio), presque normal, mis à part encore un peu de nausées et le travail doux de réalimentation en parallèle.

Et à partir du jour d’après, la forme ! Samedi, donc, j’étais à 2,5m du sol en train de tailler la haie avec les copains. (Un grand merci à eux, pour leur générosité et dévouement, au passage !) Aujourd’hui, dimanche, toujours pas de contre coup.

Gloire à Dieu !

Que dire en conclusion?

Le jeûne n’a pas été très facile, un peu décevant sur le moment, car les difficultés semblent se cumuler un peu, mais dans l’ensemble et pour la suite m’a été très bénéfique, je pense.

Je considère l’expérience concluante. j’ai bien l’intention de continuer ainsi à chaque fois (que je le pourrais). Et je dois aussi admettre qu’une fois la réalimentation complète, je mange avec plus de plaisir qu’avant.
Donc ni autoroute ni gadoue, plutôt une route de campagne, où l’on peut aller vite mais on trouve toujours quelques bosses et quelques chicanes de temps en temps.


Que les encouragements comptent !        - le 7 décembre 2022

Me voilà installé pour ma troisième séance, au troisième étage au CHU de Rangueil.

Je me trouve, cette fois, face à une magnifique vue sur Toulouse, encore partiellement embrumée, qui se voit progressivement recevoir de beaux rayons de soleil hivernaux blanchâtres perçant les nuages bas et gris. Puis peu à peu, les nuages se délitent pour faire place au beau temps, redorant la lumière pâlotte initiale et léchant le haut des arbres déjà jaunis et roussis par la saison. Quel joli spectacle !

Hier, j’ai recommencé à jeûner, comme la dernière fois. Je vous avoue que je n’en avais pas envie. Entre la fausse sensation de faim presque toute la journée causée par la chimio, et mes goûts alimentaires changeants, et de plus, les bienfaits du jeûne qui ne sont pas aussi palpables que je n’avais espéré, j’étais très hésitant.

MAIS vos petits mots, le retour que vous faites à mes articles, vos encouragements et soutiens m’ont reboosté juste assez pour me réaligner avec mes intentions de départ et affronter cette nouvelle séance de chimiothérapie avec vigueur.
Malgré la faim qui a été le leitmotiv de ma journée d’hier, au point où même une vidéo avec quelqu’un qui mange ne me laissait pas indifférent ! Mon royaume pour un petit sandwich de pain frais avec du fromage et du jambon ! Où même un petit babybel… 🙂

Donc merci à vous ! Merci de me permettre de continuer encore plein de force et de ténacité ! Enfin, on essaie, quoi !


Peut-on s’habituer aux surprises ?        - le 9 décembre 2022

Me voilà de retour de ma chimiothérapie, jeûnant et prêt à reprendre le travail et la vie familiale. Encore un peu de fatigue et de persévérance ? Ca, c’était sans compter le passage d’un petit virus… Le lendemain matin, crevé et après-midi à 39°C de fièvre.

Heureusement, la souplesse de mon temps partiel thérapeutique me permet de me reposer “à volonté”. Mais au passage de l’infirmière, le soir, je découvre que le diffuseur (produit de chimiothérapie que je garde 48h en plus) est thermorégulé : son débit est ajusté à la température (normale) du corps. Mais, faisant de la fièvre, il s’est écoulé trop vite ! Nous avons dû mettre fin au diffuseur pour ne pas empirer les choses. Et oui, en plus de mon état grippal et de mon jeûne. Pas de panique, je me suis assuré que le jeûne n’était pas contre-indiqué. Cela dit, le lendemain, même si j’étais bien fatigué, la fièvre était partie et la maladie, une histoire ancienne ! Là, on se dit “ouf !”. Sauf que j’étais tenu de faire une prise de sang de contrôle avec une hémoculture et dans ma vie, je crois que je n’ai jamais passé autant de temps dans un laboratoire à me faire prélever du sang : 6 tentatives, 3 personnes différentes pour finir au compte goutte avec une veine de la main ! Mes veines rebelles ne voulaient pas se faire piquer !

N'est-ce pas une belle occasion de râler ?
Personnellement, je trouve que râler c’est pour les “vieux croutons” : Ceux qui refusent d’être assez souples pour s’adapter aux aléas, comme si tout se passe toujours comme ils s’y attendent ! En vrai, c’est un peu chacun d’entre nous, quand nous refusons les surprises.

Bien sûr nous travaillons à être le mieux préparé possible aux difficultés ou autres “mauvaises” surprises, mais je veux croire que se fermer aux éventualités, c’est comme se fermer à la vie. Je serai enfin tranquille quand je serai mort. En tout cas, je n’en serai plus affecté. En attendant, les surprises, les aléas et tout ce qui peut nous contrarier n’est qu’une porte ouverte pour grandir, s’améliorer, découvrir quelque chose de nouveau, et finalement, c’est se maintenir vivant !

Certains diront “Ce qui ne me tue pas me rend plus fort”, mais je préfère l’idée de la première épître de St Pierre, que les “épreuves vérifient la qualité de notre foi”. Quand nous faisons face à une épreuve, nous n’avons pas à l’esprit toutes celles que nous surmontons maintenant avec brio, parce que nous sommes plus forts, plus sages et plus persévérants ! Et pourtant toutes celles-ci ont pavé le chemin qui nous mène là où nous en sommes aujourd’hui ! Et cette épreuve, qui nous semble insurmontable, sera la facile de demain !

Laissons-nous surprendre par la vie, affrontons tranquillement nos épreuves d’aujourd’hui, remercions pour celles d’hier et laissons à demain celles à venir. Chaque jour suffit sa peine !

“ Qui d’entre vous, en se faisant du souci,
peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ?

Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice,
et tout cela vous sera donné par surcroît.

Ne vous faites pas de souci pour demain :
demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine.”

Matthieu 6, 27; 33-34


Une recette qui fait du bien        - le 15 décembre 2022

Je vous fais souvent part de choses difficiles que je vis.

Là, je vais vous raconter une nouvelle expérience qui a égayé ma semaine !

Une amie de Luzia (et fervente lectrice de mon chlog) est venue m’apprendre à réaliser un “Christmas cake” (cousin du Christmas pudding). Même si je m’y attendais un peu pour avoir mentionné l’envie de faire cette activité, Luzia me l’a présenté comme une surprise : Au top du rendez-vous mystérieux, Emma s’est présentée avec les ingrédients, les ustensiles et autres supports nécessaires à la recette.

Nous avons partagé un chouette moment, autour de la recette de sa grand-mère, pour réaliser ce gâteau, qui se résume à beaucoup de fruits confits, de fruits secs, des épices, du sucre, quelques œufs et un peu de farine. Nous avons vécu ce petit moment très british jusqu’à prier chacun à notre tour en donnant quelques tours de cuillère à pot, comme le veut la tradition ! Toute la famille y est passée. Je dois admettre que c’était particulièrement touchant et réjouissant de préparer Noël de cette manière !

Merci Emma !


Le début du jeûne        - le 21 décembre 2022

Liste des choses qui n'aident pas à jeûner, surtout le premier jour. J’ai testé pour vous :

… sans pouvoir goûter ce que je fais

Heureusement, rien de cela n’est vraiment trop difficile, tant par l’ironie de la situation que par le côté éphémère des tentations. Un peu de patience et de persévérance suffit, quelquefois aidé par un verre d’eau chaude. De plus, j’ai eu l’occasion de parler des bienfaits de mon jeûne, ce qui aide bien à replacer les difficultés du présent dans la dynamique d’un mieux plus grand et plus durable.


Une chimiothérapie de vacances        - le 21 décembre 2022

Aujourd’hui, ma chimio a été davantage un moment de détente que les autres fois.

Pour commencer, je n’ai été convoqué que vers 9h30. Ne mangeant pas, j’ai pu “faire la grâce matinée” jusqu’à 8h30. Trafic fluide, à l’avant du taxi, en papotant.

Quelques petites attentions de Noël dans le service en termes de décoration et de restauration ont également apporté un air de fête à mon installation dans la chambre.

À 10h pétantes, Emmanuelle, ma sœur bruxelloise est arrivée, bien plus ponctuelle que l’interne et l’infirmière réunis. Nous avons passé le temps à jouer à quelques jeux de société que j’avais amenés et en bavardant tranquillement. Un chouette et rare moment, rien que pour nous.

Le retour a été aussi agréable que l'aller, mais avec un autre conducteur habituel.

Bref, des vacances.


Une bonne fin d’année        - le 31 décembre 2022

Ma dernière séance de chimiothérapie a été assez incroyable : peu d’effets secondaires et en forme au bout de 2 jours ! Grâces de Noël ou effets du jeûne ?

A mon humble avis, ce doit être les deux. Entre vos intentions de prière spécialement pour Noël et les grâces divines accordées spécifiquement lors de cette solennité, j’ai dû être bien gâté. Ce qui n’empêche pas que mes efforts de jeûne aient porté leurs fruits !

Vacances à la montagne en famille, repas, jeux et balades. Un beau programme qui fait du bien ! Comme un retour à la normalité, au quotidien familial avec le temps pour chacun et chaque chose.

Ce qui change (enfin) des dernières années, qui ont été minés de rendez-vous médicaux, de mauvaises nouvelles et de maladies de “relâche” de fin d’année. Des petites choses qui gâchent un peu l’ambiance et les plans familiaux.

Invitations à la maison, une fois de retour :

- Me croirez-vous si je vous dis que le séjour d’une famille avec 4 enfants a été des plus agréables et ressourçants ? (Peut-être pas au niveau sommeil, je l’avoue, mais une fois les chatons couchés, les souris dansent, enfin les adultes ont enfin du temps pour eux !)

- Réveillon à 20 personnes, très chouette aussi, en commençant par un temps de prière d’une bonne heure pour remercier pour l’année écoulée et confier celle qui vient, avec plein de chants. Cette année, nous avons réuni guitare, flûte traversière et percussions. Gloire à Dieu !
Puis raclette, le plat le plus convivial que je connaisse !

Je crois que j’ai mené au bout mon année 2022, avec toute son intensité, ses rebondissements, ses occasions de progrès et ses amitiés et joies à partager.

Quelques modestes voeux        - le 1 janvier 2023

Je voudrais, en cette fin d’année, contempler tout ce que vous m’avez apporté ! C’est une véritable richesse ! Vous tous, qui m’avez soutenu et porté, m’avez permis non seulement de ne pas me sentir seul dans mes problèmes de santé et mon traitement lourd, mais de croire en une rémission certaine ! Vous m’avez donné de croire en moi, de persévérer dans les moments difficiles, et de rester positif et vaillant jusqu’au bout ! Vous m’avez aussi, par vos retours positifs, encouragé à continuer ce chlog dans lequel je pose mes maux et pèse mes mots !

Et vos prières sont exaucées : je vais bien et je suis en forme ! N’est-ce pas ce que vous demandez au Seigneur ?

J’ose espérer que ce chlog vous apporte un tant soit peu de moi, de ma reconnaissance et de ma joie d’avoir vécu cette année avec vous ! C’est, pour moi, un grand bonheur de grandir ensemble. Vous me faites grandir ! Et dans mon cœur, j’espère vous pousser un peu à devenir meilleurs, sans prétention, sans jugement. Car je crois que c’est notre plus grand avantage, sur terre, dans le temporel, que de pouvoir progresser et devenir meilleurs !


Les mains en l’air, pour le dernier sprint        - le 16 janvier 2023

R/        Encore un p’tit effort ! Allez ! Allez ! Allez !

La dernière séance ! Allez ! Allez ! Allez !

De la persévérance ! Allez ! Allez ! Allez !

La victoire des forts ! Allez ! Allez ! Allez !

1-        Comme d'habitude on a jeûné (oh-eh-oh)

Comme toujours ça va aller (ah-ah)

Avec la grâce du Très-Haut (oh-eh-oh)

Tout prêt pour la chimio

2-        C'est pas seulement pour les bobos (oh-eh-oh)

La prière ça nous rend beau (ah-ah)

Mes amis, réjouissez-vous (oh-eh-oh)

Ensemble on va s’enjailler

3-        On oublie tout le raz-le-bol (oh-eh-oh)

et on reste focalisé (ah-ah)

On ne fait pas le distrait (oh-eh-oh)

Pour ne pas lâcher trop tôt

Pont/        Grâce à tous ces gens qui prient

Y a pas de raccourci

J’oublie mes soucis

Je veux leurs dire merci

Grâce à tous ces gens qui prient

Y a pas de raccourci

Merci Seigneur, merci

Oh-oh-oh-oh-oh-oh

Pour ceux qui veulent le chanter, c’est sur l’air de Magic in the air (les mains en l’air)  de  Magic System. Je sais que cette chanson est un peu démodée, mais j’ai trouvé qu’elle collait bien à mon ressenti : un gros encouragement sur un ton déjà festif.

Et surtout, mes enfants l’écoutent et la chantent en boucle ! Imaginez-les, tous les trois, chanter à tue-tête avec leurs petits bras levés (en particulier ma dernière, du haut de ses 15 mois) !

Cette image stimulante m’a grandement influencé sur le choix de cette chanson. Peut-être ont-ils un peu déteint sur moi ?


Et voilà la ligne d’arrivée        - le 18 janvier 2023

Dernière séance de chimio, les amis ! Ça y est, c’est la bonne ! La victoire est à moi ! A nous ? 🙂

Il me faut encore faire un petit contrôle de substances, la semaine prochaine, puis délibération du jury.

Quelle joie, les amis ! Quelle impatience d’être enfin débarrassé de tous effets de la chimiothérapie et d’être à nouveau en forme ! Retrouver une vie plus engagée. Ne plus être le boulet de la famille. Recommencer le sport, les sorties et vous revoir !

J’ai l’impression de ne pas être aussi mal que je le devrais. Je suis bien trop en forme pour quelqu’un qui s’est pris 12 shoots de chimio et 28 radiations ! Merci Seigneur, merci à vous !

Vous n’imaginez pas à quel point je suis heureux d’arriver au bout et SURTOUT d’avoir vécu toute cette année de traitement avec vous ! Même si loin, même si on ne se connait pas tellement, vous avez pavés mon retour à la vie de vos encouragements et de votre prière.

Je vous confie souvent au Seigneur, en demandant que vous aussi, vous receviez de ses grâces et que notre communion fraternelle vous apporte un peu de joie, de paix, de réconfort, de courage et fasse grandir votre foi.

Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés.

J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur.

Romain 8, 37-39


3, 2, 1… partez !        - le 19 janvier 2023

Retour à domicile, comme d’habitude, mais tout est différent.

L’air de rien, la page est déjà tournée. Déjà je vais mieux, déjà la chimio est derrière moi. A moi le retour à la normale, le retour de l’énergie, de toutes mes capacités. Dans ma tête, ça y est, le cancer, le traitement, c’est terminé !

Encore 2 jours de diffuseur, encore 1 semaine ou 2 de picc line, encore un scanner de contrôle, mais en vrai, pour moi, c’est déjà fini.

D’ailleurs, aujourd’hui je me sens d’attaque pour une bonne journée de travail.

J’en étais où déjà? Ah oui, corriger le bug de l’affichage des sièges… et pourquoi donc ces prix ne se mettent pas à jour ? Il faudrait aussi essayer de tester la version mobile et tablette.

Mon rêve est de retrouver ma forme physique, mes capacités intellectuelles débarrassées de toute lourdeur, mon impulsivité motrice et découvrir que je peux mieux m’investir qu’avant dans mes projets, mes activités et éventuellement davantage !

Je me sens comme un chien à qui on vient d’enlever sa laisse : Tout fou ! Envie de tout goûter, tout faire, en même temps, avec toute son énergie jusque là contenue.


Seconde chance ?        - le 30 janvier 2023

J’ai beau avoir vécu un bon tiers de décennie, je suis le même, mais je ne suis plus pareil : je veux aborder la vie un peu différemment, de façon plus intense et plus équilibrée, mais aussi que je dois réapprendre à fonctionner. Les muscles abdominaux à refaire, la stomie à gérer, faire avec l’énergie qui m’est disponible et accepter que je sois peut-être plus fragile, peut-être plus limité ou peut-être moins endurant…

Accepter avec humilité de réapprendre à fonctionner, trouver mes nouvelles limites, songer à les repousser mais pas tout de suite, respirer, relativiser, mettre la priorité sur les choses vraiment essentielles et qui me tiennent à cœur !

Au dessus de la porte de la sacristie (à côté du cœur) de Saint Etienne, cathédrale de Toulouse, il est écrit :

« Fais ce que tu voudrais avoir fait au moment de mourir »

Cette maxime serait attribuée à Saint Ignace de Loyola, en relation avec son livre des Exercices, au n°186, propose comme troisième règle de la seconde manière de faire élection :

Se situer en imagination à sa propre mort, et voir quel choix fait "aujourd'hui" ne serait pas regretté alors.


Verdict officiel        - le 2 février 2023

Je sors de mon rendez-vous avec l’oncologue, après avoir passé un scanner la semaine dernière.

“ Tout est parfait “, l’ai-je entendu dire.

Je savais qu’après tout ce que j’avais traversé, entre mon ressenti et la suite logique des examens réguliers qui ont ponctué mon traitement, que cette dernière phase de chimiothérapie était pour “garantir” la pérennité de la rémission. Mais tout de même, l’entendre dire par le référent médical, ça fait du bien !

Ces 3 mots conclusifs ont été la concrétisation de ma confiance et mon abandon dans le Seigneur de toute cette année. Donc pas tellement de surprise, mais une sorte de réconfort qui nous rappelle que de notre petitesse et fragilité nous sommes capables des plus grandes preuves de courage et d’amour !

La suite des évènements, me demanderiez-vous ? Surveillance 3 fois par an pendant les 2 prochaines années, puis 2 fois par an pour les trois suivantes.

Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'il m'a fait ?

Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce, j'invoquerai le nom du Seigneur.

Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple

(Ps 115:12,17-18)


Connaissez-vous le sentiment d’être aimé par quelqu’un ? Par Dieu ?

C’est ce que je ressens dans mon cœur, en cette fin de traitement :

Je suis aimé du Seigneur,

et ainsi que de vous tous, mes amis !

Il ne me lâche pas, il veille sur moi et m’entend.

Il me fait vivre des choses au-delà de mes capacités

en se servant de ma persévérance dans les difficultés que je traverse.

Je lève les yeux vers les montagnes : d'où le secours me viendra-t-il ?

Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.

Qu'il empêche ton pied de glisser, qu'il ne dorme pas, ton gardien.

Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d'Israël.

Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, se tient près de toi.

Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper, ni la lune, durant la nuit.

Le Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie.

Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, maintenant, à jamais.

Ps 120